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Opera : riche en fonctionnalités, manque de transparence

  • Speed Dial et barre latérale très efficaces
  • Excellentes performances
  • Environnement et fonctionnalités orientés productivité

Fonctionnel, intuitif, confortable, affichant des performances et une vitesse de navigation excellentes, Opera n’a rien à envier aux navigateurs Internet grand public les plus utilisés que sont Google Chrome, Mozilla Firefox ou Microsoft Edge. Ses fonctionnalités orientées productivité en font un service qualifié pour les tâches du quotidien, professionnelles et personnelles. On apprécie également sa volonté d’offrir aux internautes un environnement stable et sécurisé en partie porté par sa base Chromium ainsi que ses options liées à la protection de la vie privée (VPN, bloqueur de pubs, réglages IPFS et WebRTC).

Initialement basé sur son propre moteur de rendu Presto, Opera a finalement rejoint le club Chromium en 2013, las de se heurter à une compatibilité imparfaite des pages web. Une décision jugée néfaste par une toute une catégorie d’internautes, décelant dans ce changement de direction un appauvrissement du navigateur, considéré jusqu’alors comme un outil de choix pour les utilisateurs avancés.

Opera a toutefois décidé de modifier quelque peu l’affichage de son navigateur afin de proposer un environnement plus flexible et riche en fonctionnalités spécifiques, destiné à répondre aux exigences les plus pointues.

Ergonomie

Également basé sur Chromium, Opera a fait le choix d’une organisation d’interface légèrement différente de celle de Chrome et Edge avec l’intégration d’une barre latérale. Un parti pris plutôt ingénieux puisque ce volet centralise divers raccourcis vers des fonctionnalités dédiées à l’amélioration et à l’accélération de la navigation. Le navigateur se positionne d’emblée comme un outil multifonctionnel, capable de prendre en charge diverses tâches quotidiennes (organisation des espaces de travail, messageries sociales, gestion multimédia, accès rapides aux favoris, historique et paramètres).

En dehors de ce trait de caractère spécifique, Opera fait état d’une UI et d’une UX éprouvées par des années de domination Chromium. Barre d’onglets, Omnibox, raccourcis classiques de navigation et fenêtre principale s’articulent selon un modèle connu et reconnu, tant et si bien que les internautes appréhendent très naturellement la prise en main du navigateur. Le seul point pouvant éventuellement perturber un public très habitué à Chrome, Edge ou Firefox concerne l’emplacement du menu d’accès aux paramètres généraux d’Opera. D’ordinaire niché dans le coin supérieur droit des interfaces de navigation, ce menu se trouve ici à gauche, derrière le logo O.

Le vrai gros point faible d’Opera réside dans sa propension à mettre en avant un nombre important de sites web partenaires de l’entreprise, aussi bien dans la barre latérale que sur l’écran d’accueil. Mêlées aux fonctions réellement utiles et aux pages web épinglées manuellement par l’utilisateur, ces plateformes sponsorisées parasitent une navigation rapide que l’on souhaiterait pertinente et plus lisible.

Fonctionnalités

À défaut d’une gestion approfondie des onglets, le navigateur se démarque de ses concurrents avec la mise en place d’espaces de travail. À la manière de bureaux virtuels, ils permettent aux internautes d’organiser leurs activités en ligne par thèmes. Les espaces cohabitent dans une même fenêtre de navigation, et l’on bascule de l’un à l’autre d’un simple clic.

Toujours en quête d’optimisation de la productivité, Opera cumule quelques fonctionnalités classiques comme un outil de capture d’écran lié à la molette de la souris, ainsi qu’un module pop-up de recherche (lancer instantanément une requête web à partir d’une sélection). Les Pinboards regroupent un ensemble de notes personnelles, liens, documents que l’on organise et que l’on archive sur un modèle proche de celui de Pinterest. Le partage de fichiers gagne par là même en efficacité avec la fonction My Flow, outil synchronisant en temps réel des documents stockés localement entre deux appareils connectés au même compte Opera. En cas de fonctionnalités manquantes, utilisateurs et utilisatrices profitent de la compatibilité du navigateur avec les extensions du Chrome Web Store.

Depuis quelque temps maintenant, Opera tente de s’affirmer auprès d’un public plus exigeant en matière de confidentialité et familier du web décentralisé. À cet effet, le navigateur embarque son propre VPN (protection des connexions établies depuis Opera seulement), dispose d’un portefeuille de cryptomonnaies (essentiellement compatible ETH et NFT) et prend en charge le protocole P2P IPFS.

Sécurité

En apparence sérieux concernant le respect de la vie privée de ses utilisateurs (VPN, bloqueurs de publicités et de traqueurs, mise à niveau automatique vers HTTPS, tendance à la décentralisation du web), Opera cache en réalité bien son jeu.

Avant toute chose, il nous semble important de préciser que le VPN intégré au navigateur n’en est pas vraiment un. La sécurité des connexions n’étant assurée que par un chiffrement standard HTTPS/TLS et non par un protocole VPN, il s’agit d’un simple proxy recourant aux DNS de Google.

Mais le problème véritable concerne la collecte, le traitement et le transfert des données des internautes, ainsi que le manque de transparence d’Opera vis-à-vis de ces procédés. À la lecture de la politique de confidentialité du navigateur, on apprend que l’entreprise attribue à chaque utilisateur un identifiant personnel liant leur profil à leurs activités en ligne, ainsi qu’à l’ensemble des services d’Opera qu’ils sollicitent. La collecte des statistiques d’usages étant activée par défaut, l’entreprise peut aisément dresser un profil très détaillé, et très lucratif, des habitudes de navigation des internautes et de leur utilisation des services d’Opera.

Les risques courus par les données personnelles nous semblent d’autant plus conséquents que le navigateur Opera et son VPN appartiennent à un fonds d’investissement privé chinois, sujet sur lequel l’entreprise se garde bien de communiquer officiellement. Or, comme chacun sait, la Chine n’est pas bonne ambassadrice du respect de la vie privée et de l’anonymat.

Performances

Les benchmarks réalisés au cours de nos différents tests confirment qu’Opera est un navigateur rapide et stable. À l’usage, les seuls ralentissements gênants auxquels nous avons été confrontés découlaient de l’activation d’OperaVPN (peu de localisations et de serveurs). On apprécie par ailleurs la mise en veille automatique des onglets inactifs qui permet de soulager la mémoire du PC.

Avis

Il va sans dire qu’Opera brille par la richesse de ses fonctionnalités et sa mise en page pratique. La barre latérale se positionne comme élément fort d’une interface regroupant à portée de clics tous les outils utiles à une navigation hétérogène et quotidienne. Les espaces de travail facilitent la segmentation des activités en ligne et l’intégration d’un VPN gratuit et illimité confère au navigateur un atout encore inexistant chez la concurrence.

Opera souffre toutefois d’un défaut non négligeable : son manque de transparence générale. Aujourd’hui détenu par un consortium d’investisseurs chinois, le navigateur collecte, traite et exporte les données personnelles d’internautes identifiés à l’aide d’un token unique alors même qu’il se revendique sécurisé et respectueux de la vie privée. On regrette par là même que le VPN intégré n’en soit pas vraiment un, mais un simple proxy chiche en localisations et faisant appel aux DNS Google.

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