Conclusion
Clairement intéressant pour une fraction de la population française, et totalement inutile pour les autres, le VDSL2 reste quoi qu’il en soit un pas de plus vers la démocratisation du Très Haut Débit. À ce titre, il pourrait bien devenir à la fois le meilleur allié et le pire ennemi de la fibre.
Puisqu’il concerne surtout une frange de la population réduite et déjà privilégiée, le VDSL2 ne résout pas le problème des zones rurales et peu denses. En dehors de son rayon d’action, limité en gros à un kilomètre de cuivre, il laisse donc a priori le champ libre à la fibre optique. On peut même imaginer qu’il participera à populariser le Très Haut Débit. Les bénéficiaires du VDSL2 s’habitueront aux débits élevés et, par effet de contagion, les autres usagers d’Internet finiront par en ressentir plus que jamais le besoin. La demande en fibre se fera alors encore plus pressante qu’elle ne l’est actuellement, ce qui poussera les opérateurs à investir dans cette direction. Mais ce scénario positif a également son pendant pessimiste.
Après tout, il est tout aussi légitime de penser que les efforts et l’argent dépensés sur le VDSL2 sont autant de ressources en moins pour la fibre. Les abonnés du premier kilomètre devenant particulièrement rentables (puisqu’on peut leur fournir du très haut débit sans engager de frais trop importants), la perspective de creuser des tranchées pour atteindre les usagers les plus éloignés pourrait devenir encore moins attirante pour certains opérateurs. D’un point de vue plus général, on peut également considérer que le fait de tirer toujours plus de débit des lignes téléphoniques en cuivre freine automatiquement l’engouement pour la fibre, dans la veine du fameux « syndrome du Minitel ».
Les seuls à pouvoir trancher entre ces deux scénarios sont finalement les opérateurs. Non seulement dans leurs discussions avec l’Arcep, mais également dans leur communication. En mettant trop en avant des débits de 100 Mbit/s, ils pourraient en effet entretenir une certaine confusion auprès du grand public. D’ailleurs, Free nous en a donné un bon exemple récemment. En juin, la page d’inscription au service portait fièrement la mention « 90 Mbit/s en réception »… quelle que fût la longueur de la ligne du futur abonné ! Depuis, cette maladresse a été corrigée et les lignes trop longues ne voient plus apparaître cette mention. L’internaute doit donc rester vigilant, et ne surtout pas prendre les vessies VDSL2 pour les lanternes de la fibre.
Source : clubic.com publié par Fabien Pellegrini